#49 - La quête onirique de Kadath l'Inconnue
épisode 6/11
L'épisode fait tout d'abord entendre l'extrait utilisé lors de l'épisode précédent. Puisqu'il est question de chats, nous retrouvons naturellement les harmonies félines d'Ulthar (voir épisode 5/11).
Mais l'épisode 6 est essentiellement gouverné par une thématique musicale précise : la mélodie des marins.
Le thème apparaît la première fois dans un style très irlandais. Ce thème a été conçu avec une carrure métrique très libre : pas de 4/4, 6/4 ou 6/8, mais une alternance plutôt irrégulière. On pourrait bien entendu afficher un indicateur de mesure à chaque mesure, mais cela alourdirait la lecture. Autant s'en passer, et garder la noire comme référence de pulsation...
Dans cette partie là du texte, il est question du roi Kuranès ayant créé dans le monde des rêves "un petit village de pêcheurs de Cornouailles". La mélodie est jouée à la flûte et au violon avec ornements, tandis que des cordes graves tiennent une note bourdon (la tonique mi), à la manière d'un bourdon de cornemuse.
Après une évocation d'Azathoth - faisant entendre le retour de l'extrait entendu dans la première partie (voir épisode 1/11) - nous abordons le chant des marins dans sa version chantée. Ce fut l'occasion tout d'abord de composer une musique très proche des chorals luthériens, dans une écriture très verticale s'autorisant quelques mouvements en note de passage. L'impression d'austérité doit être la première, avec un balancement harmonique plus proche de la musique modale que tonale (en mi mineur, nous devrions avoir un ré#, sensible de mi ; au lieu de cela, tous les ré sont bécarres), et de nombreuses quintes à vides (fin de la mes. 2, 4 ou 10).
En fait, la composition et l'interprétation de ce passage fut assez rapide : en trois heures, j'ai d'abord écrit la mélodie, recherché les harmonies, puis enregistré chaque voix deux fois séparément, comme si huit chanteurs interprétaient cette pièce. Ensuite, j'ai superposé les huit voix pour obtenir l'effet de chœur.
La structure de l'enregistrement est assez simple : premier passage bouche fermée ("mmm"), second passage avec la bouche à demi-ouverte et dents serrées ("hannn"), plus métallique, et troisième passage avec retour en bouche fermée, mais faisant uniquement entendre les quatre premières mesures.
La première version ne fait entendre que les 3 mélodies les plus graves (baryton 1 - baryton 2 - basse 2), laissant pour plus tard la version à 4 voix pleines (basse 1, baryton 1 et 2, basse 2), version entendue lors de la pause intermédiaire de l'épisode, et le final.
À l'évocation du grand rocher déchiqueté, que tous les marins redoutent, je reprends le thème des marins, mais comme s'il était joué à la harpe. Nous retrouvons la note bourdon de mi, mais aussi des résonances qui évoquent le monde des rêves. La forte réverbération amplifie l'impression de monde onirique.
Pour les remerciements Tipeee de la partie séparée (cf. #49 -6/11-), j'ai utilisé la version piano du chant des marins (qui était le premier test d'harmonisation du thème). Cette version toute sobre permet de bien entendre les harmonies employées.
Le sixième épisode s'achève sur le chant des marins à 4 voix.
Tindalos (vendredi, 19 mars 2021 18:21)
@Miiaaou
Merci !
La proximité avec la Corse est sans doute justifiée par le côté "chœur masculin" avec un rendu assez compact. C'est, en musique, ce qu'on appelle une écriture "verticale" (harmonique), qui contrasterait avec une écriture "horizontale", où les lignes mélodiques s'emmêleraient les unes dans les autres (comme dans un canon type "Frère Jacques", ou les fugues de Jean-Sébastien Bach). Ça se voit même sur la partition que j'ai jointe : on pourrait presque tirer des traits verticaux à la règle en reliant les notes.
Sans doute les corses ajouteraient un plus grand nombre d'ornements - des petites notes rapides apportant une décoration à la mélodie principale.
Mwiiaaou (jeudi, 18 mars 2021 14:53)
Le chant des marins à 3 et 4 voix, magnifique! Personnellement ça me rappelle un peu les chants mélancoliques de la Corse dans le ressenti.