#38 - Le Festival

illustration howard phillips lovecraft stylo aquarelle
Tindalos #38 - Lovecraft : Le Festival (1923)

    Pour la musique du Festival, je souhaitais coller à l'évolution du texte. Tout le début de la lecture est accompagné par une plage sonore qui évoque les textures de PolarisCelephaisEx oblivione ou Ce qu'apporte la Lune. Nous sommes dans un entre-deux, entre le monde réel et celui du rêve. Puis, une fois le narrateur entré dans la ville puis dans la maison de ses ancêtres, le voilà confronté au monde humain. Je voulais alors une musique "humaine", dans l'esprit du Terrible vieillard. L'image qui m'a finalement le plus frappé à la lecture était la vieille au rouet... il fallait donc une musique qui évoque le mouvement circulaire... quoi de mieux qu'une valse, non pas reposante et douce comme celle de La poésie et les dieux, mais sinistre et glaçante ? Oui, il y a bien une ambiance à la Elephant Man... et c'est tout le but recherché !

     L'analogie avec le film de David Lynch (et bien entendu la musique de John Morris) ne fait que se confirmer. Comme dans le film où John Merrick est violenté par les ivrognes et prostituées - occasion de faire entendre une valse endiablée - le narrateur du Festival est perturbé par sa lecture du Necronomicon et de la vieille qui ne cesse de tourner son rouet. Je presse donc la musique, joint un petit orgue "puf puf", ajoute un tuba dans le grave, lance dans l'aigu le "thème Abdul Al-Hazred", le "thème Necronomicon" (bien différent des présentations antérieures), puis décale vers l'aigu pour faire sonner le "thème Howard Phillips Lovecraft". L'ensemble ralentit, avec la tête du thème de la valse. Le piano claque une dernière note dans le grave... fin du tableau...

     Le génie de Lovecraft nous pousse à dépasser les limites. Après le monde du rêve, celui des humains, nous voilà de retour dans le monde religieux, celui du rituel et des processions. Il nous faut une autre couleur musicale, une autre ambiance. Retour des cordes et de l'orgue. L'ensemble se veut lent et sobre, à l'image de ce long cortège qui se dirige vers les entrailles de la terre...

     Le final découd les thèmes : retour des thèmes "Abdul Al-Hazred" et "Necronomicon", mais les notes se répartissent de manière plus anarchiques entre le grave et l'aigu. Le rythme se défait, avec ponctuation souffrante de cordes graves. Flûte rampante. Le thème "Howard Phillips Lovecraft" revient, puis se perd...


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